Papy fait de la résistance


Le film Papy fait de la résistance, sorti en 1983 et réalisé par Jean-Marie Poiré, est devenu au fil des années un véritable phénomène culturel. Cette comédie loufoque sur fond de Seconde Guerre mondiale a marqué toute une génération grâce à son humour décapant, ses répliques cultes et son casting étoilé. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est que les lieux de tournage ont joué un rôle essentiel dans la réussite du film. Des hôtels particuliers parisiens aux châteaux de prestige en passant par les rues de la capitale, plongeons dans les décors emblématiques qui ont servi d’écrin aux aventures rocambolesques de la famille Bourdelle.

L’hôtel de Guénégaud : l’antre bourgeois des Bourdelle


Au cœur du 3ème arrondissement de Paris, l’Hôtel de Guénégaud, situé au 60 rue des Archives, a été choisi pour incarner la demeure des Bourdelle. Cet édifice du XVIIe siècle, classé monument historique, est un parfait exemple de l’architecture des hôtels particuliers parisiens de l’époque. Ses façades élégantes, ses intérieurs raffinés et son jardin paisible ont servi de décor principal pour les scènes se déroulant chez cette famille de musiciens. Le réalisateur Jean-Marie Poiré a su tirer parti de l’atmosphère unique de ce lieu pour retranscrire avec justesse le quotidien d’une famille bourgeoise sous l’Occupation allemande. De la salle à manger où se déroulent les repas animés aux chambres où se trament les complots de la Résistance, l’Hôtel de Guénégaud est devenu un personnage à part entière du film.

Le Conservatoire de Paris : dans les pas de Bernadette


Pour les scènes se déroulant au conservatoire de musique, fréquenté assidûment par Bernadette Bourdelle, le choix s’est porté sur le prestigieux Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Situé au 209 avenue Jean Jaurès dans le 19ème arrondissement, cet établissement fondé en 1795 est un haut lieu de la musique classique. Les majestueuses salles de répétition et de concert du conservatoire ont offert un cadre grandiose aux séquences où Bernadette s’exerce au violoncelle. Ce décor chargé d’histoire et de talent renforce la crédibilité du personnage et souligne l’importance de la musique dans la vie des Bourdelle. En filmant au sein même du Conservatoire de Paris, Jean-Marie Poiré rend hommage à cette institution et à tous les artistes qui y ont forgé leur talent.

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Le château de Ferrières : un décor à la hauteur des ambitions nazis


L’un des moments forts de Papy fait de la résistance est la somptueuse réception organisée en l’honneur du maréchal von Apfelstrudel, demi-frère d’Hitler, au château de Mombreuse. Pour cette scène cruciale, l’équipe du film a jeté son dévolu sur le château de Ferrières, en Seine-et-Marne. Cette demeure de style Renaissance, construite au milieu du XIXe siècle pour le baron James de Rothschild, est réputée pour son architecture grandiose et ses intérieurs fastueux. Les lustres scintillants, les dorures et les œuvres d’art qui ornent les salons d’apparat reflètent parfaitement la démesure et l’opulence du régime nazi. Ce décor somptueux offre un contraste saisissant avec la résistance menée dans l’ombre par les Bourdelle, rappelant que la lutte se joue aussi sur le terrain de la symbolique et de l’image.

L’Opéra Garnier : l’ombre d’Adolfo Ramirez


Bien que le film ne montre pas directement l’intérieur de l’Opéra Garnier, ce monument emblématique de Paris est indissociable du personnage d’Adolfo Ramirez, ancien concierge devenu collaborateur. Plusieurs scènes extérieures ont été tournées devant l’édifice, rappelant sans cesse le passif houleux entre Ramirez et les Bourdelle. Inauguré en 1875, l’Opéra Garnier est réputé pour son architecture néo-baroque somptueuse et son splendide escalier d’honneur. La présence en filigrane de ce lieu chargé d’histoire renforce l’ancrage des personnages dans le milieu de la musique classique et souligne les enjeux de pouvoir qui se jouent en coulisses. En convoquant l’Opéra Garnier, même de manière indirecte, le film s’inscrit dans une tradition cinématographique qui fait de ce monument un décor de choix pour les intrigues mêlant art, politique et passion.

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Sur les pavés de Paris, la Résistance


Pour retranscrire fidèlement l’atmosphère du Paris des années 40, Jean-Marie Poiré a pris le parti de tourner un grand nombre de scènes en extérieur, dans les rues de la capitale. Du Marais à Montmartre, en passant par les Champs-Élysées, le film nous entraîne dans une déambulation à travers le temps. Les façades haussmanniennes, les cafés typiques et les voitures d’époque omniprésentes contribuent à l’immersion du spectateur dans cette période troublée de l’Histoire. Mais au-delà de la simple reconstitution historique, filmer Paris sous l’Occupation revêt une dimension symbolique forte. En investissant les lieux emblématiques de la ville, les personnages rappellent que la Résistance s’est jouée au cœur même de la cité, dans ses artères et ses places. Chaque rue, chaque monument devient alors le théâtre d’une lutte clandestine pour la liberté, donnant une résonance particulière aux aventures des Bourdelle.

Le quartier de la Villette : terrain de jeu de Michel Taupin


Si le centre de Paris occupe une place de choix dans le film, certaines scènes se déroulent dans des quartiers plus populaires, à l’image de La Villette où vit Michel Taupin. Les scènes d’extérieur mettant en scène ce personnage attachant ont été tournées dans les rues pavées de ce quartier du 19ème arrondissement, connu pour son passé ouvrier. En filmant les immeubles modestes et les bistrots sans prétention de La Villette, Jean-Marie Poiré ancre le personnage de Michel Taupin dans un univers plus modeste, contrastant avec le milieu bourgeois des Bourdelle. Ce choix de décor souligne avec justesse les origines sociales disparates des résistants et rappelle que la lutte contre l’occupant a rassemblé des individus de tous horizons.

Les studios de Boulogne : recréer l’Histoire en intérieur


Si une grande partie de Papy fait de la résistance a été tournée en décors naturels, certaines scènes ont nécessité l’utilisation de studios. Les Studios de Boulogne, situés à Boulogne-Billancourt, ont accueilli le tournage des séquences nécessitant des décors intérieurs spécifiques. C’est notamment le cas de la scène de la Kommandantur où Madame Bourdelle et ses filles se rendent pour se plaindre des exactions allemandes. Les décorateurs ont recréé avec soin les bureaux austères de l’administration nazie, avec leurs meubles sombres et leurs drapeaux frappés de la croix gammée. Les studios ont également servi à tourner certaines scènes se déroulant à l’intérieur de l’hôtel particulier des Bourdelle, permettant ainsi de maîtriser totalement la lumière et l’ambiance. Ce savant mélange entre décors réels et décors reconstitués contribue à la cohérence visuelle du film et à la fluidité de la narration.

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La gare de l’Est : ultime étape d’un tournage épique


La scène finale de Papy fait de la résistance, où l’on assiste à l’arrestation des généraux allemands par les résistants, a été tournée dans un lieu hautement symbolique : la gare de l’Est. Située dans le 10ème arrondissement de Paris, cette gare emblématique a été choisie pour son architecture grandiose et son hall monumental. Mais au-delà de son esthétique, la gare de l’Est revêt une dimension historique forte. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut un lieu de transit crucial pour les troupes allemandes, mais aussi un point de départ pour de nombreux résistants et juifs fuyant la persécution. En tournant la scène finale dans ce décor chargé d’histoire, Jean-Marie Poiré rend hommage à tous ceux qui ont lutté contre l’oppression et rappelle que la Résistance s’est jouée jusque dans les lieux les plus emblématiques de la capitale.

Conclusion


Au-delà de son humour irrésistible et de son casting de légende, Papy fait de la résistance tire sa force de ses décors exceptionnels. Des hôtels particuliers parisiens aux rues pavées de la capitale, en passant par les châteaux de prestige et les gares historiques, chaque lieu raconte une part de l’Histoire et donne chair à l’intrigue. Jean-Marie Poiré a su exploiter le potentiel cinématographique de ces décors pour créer une œuvre à la fois drôle et émouvante, qui rend hommage à ceux qui ont résisté dans l’ombre. En redécouvrant le film à travers le prisme de ses lieux de tournage, c’est toute une époque qui se dévoile, avec ses héros ordinaires et ses combats extraordinaires. Alors, la prochaine fois que vous regarderez Papy fait de la résistance, laissez-vous porter par ces décors cultes qui font de ce film bien plus qu’une simple comédie : un véritable voyage dans le temps et dans l’âme de la Résistance française.

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