Dans les coulisses du tournage d' »Une intime conviction » : plongée au cœur de l’affaire Viguier
Une intime conviction, le premier long-métrage d’Antoine Raimbault, nous entraîne dans les méandres de l’un des faits-divers les plus énigmatiques et médiatisés de ces dernières années : la disparition de Suzanne Viguier et le procès de son mari, Jacques Viguier, accusé de l’avoir assassinée. À travers le regard de Nora, personnage fictif campé par Marina Foïs, le film nous plonge au cœur de ce procès d’assises hors-norme et explore avec subtilité les thèmes du doute, de l’intime conviction et de l’engrenage judiciaire.
L’affaire Viguier n’a cessé de fasciner le public depuis la disparition inexpliquée de Suzanne en février 2000. Rebondissements, zones d’ombre, personnages ambigus… Tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un sujet de film captivant. Mais au-delà du simple fait-divers, c’est la dimension humaine et le questionnement sur le fonctionnement de la justice qui ont poussé Antoine Raimbault à porter cette histoire à l’écran.
Avocat de formation, le réalisateur a suivi de près les deux procès de Jacques Viguier et s’est plongé pendant 7 ans dans les 5000 pages du dossier. Son ambition : réaliser un « film de procès » au plus proche de la réalité des assises, tout en apportant un regard personnel sur l’affaire à travers le prisme de la quête obsessionnelle de Nora pour découvrir la vérité. Un pari audacieux pour ce jeune cinéaste passionné.
Un tournage au plus près des lieux de l’affaire
Pour retranscrire au mieux l’atmosphère de l’affaire Viguier, Antoine Raimbault a tenu à tourner un maximum de scènes à Toulouse, là où s’est déroulée la majeure partie de l’histoire. Du 3 au 24 novembre 2017, l’équipe a ainsi investi plusieurs lieux emblématiques de la Ville Rose, à commencer par le majestueux Palais de Justice où se sont tenus les procès.
Les Toulousains ont également pu apercevoir Marina Foïs et Olivier Gourmet (qui incarne Éric Dupond-Moretti) sur les berges de la Prairie des Filtres, haut lieu de promenade de la ville, ainsi qu’au pied du célèbre Pont-Neuf. La Place du Capitole, cœur battant de Toulouse, a elle aussi servi de décor au film, tout comme plusieurs rues du centre historique.
Cette volonté de « coller » au plus près à la réalité s’est également traduite dans la reconstitution minutieuse des scènes de procès. Antoine Raimbault et son équipe ont mis un point d’honneur à recréer l’ambiance si particulière des assises, de l’agencement de la salle aux costumes des différents protagonistes, en passant par le rythme et la tension propres à ce type d’audience.
Si l’essentiel du tournage s’est déroulé à Toulouse, certaines scènes complémentaires ont été filmées à Paris et aux Studios d’Épinay. Au total, le tournage aura duré 31 jours, pour un budget avoisinant les 6 millions d’euros. Un investissement conséquent pour ce premier film, porté par l’ambition et l’exigence de son réalisateur.
Un casting de choix pour incarner les protagonistes
Pour donner vie à cette histoire, Antoine Raimbault s’est entouré d’un casting prestigieux. La talentueuse Marina Foïs crève l’écran dans le rôle de Nora, cette jurée obsédée par l’affaire Viguier. L’actrice apporte une intensité et une fragilité poignantes à ce personnage fictif, véritable fil rouge émotionnel du film. Sa performance tout en nuances est sans conteste la révélation d’Une intime conviction.
Dans le rôle de l’avocat Éric Dupond-Moretti, c’est l’excellent Olivier Gourmet qui s’illustre. La ressemblance physique entre l’acteur et le célèbre pénaliste est saisissante, tout comme sa capacité à reproduire ses tics de langage et sa gouaille si caractéristique. Un mimétisme troublant qui sert magnifiquement le propos du film.
Laurent Lucas offre quant à lui une composition tout en retenue et en ambiguïté pour incarner Jacques Viguier, cet homme insaisissable au cœur de l’affaire. Son interprétation subtile maintient le doute sur la culpabilité de son personnage, à l’image de ce procès où les certitudes ont souvent vacillé.
Pour les seconds rôles, Antoine Raimbault a misé sur des acteurs moins connus du grand public mais à la justesse indéniable. Parmi eux, Philippe Uchan est étonnant dans la peau d’Olivier Durandet, l’ami et soutien indéfectible de Jacques Viguier. Un choix audacieux et payant.
Genèse et préparation minutieuse du film
Antoine Raimbault n’est pas arrivé par hasard sur le projet Une intime conviction. Cet ex-avocat passionné par les affaires judiciaires a suivi avec intérêt les rebondissements de l’affaire Viguier pendant près de deux décennies. Son envie de porter ce fait-divers à l’écran est née très tôt, dès le premier procès auquel il a assisté.
Mais pour passer de l’idée à la concrétisation, le chemin a été long. Pendant 7 ans, Antoine Raimbault s’est immergé dans les méandres du dossier, décortiquant les 5000 pages de documents et de témoignages pour s’imprégner de la complexité de l’affaire. Un travail de fourmi indispensable pour retranscrire avec justesse les enjeux et les zones d’ombre de ce procès hors-norme.
L’écriture du scénario a elle aussi nécessité un important travail de réflexion et d’équilibriste. Pour apporter un regard neuf sur cette histoire maintes fois racontée, Antoine Raimbault a fait le choix d’introduire une part de fiction avec le personnage de Nora. Un parti-pris audacieux mais assumé, qui fait la singularité du film en explorant les mécanismes psychologiques d’une jurée happée par un fait-divers.
Dans sa recherche d’authenticité, le réalisateur s’est aussi longuement penché sur l’atmosphère et les codes si particuliers des procès d’assises. Rythme des audiences, joutes verbales, tensions palpables… Il a cherché à reproduire au plus près les sensations éprouvées par les différents protagonistes, de l’accusé aux jurés. Un travail d’orfèvre, au service d’une reconstitution minutieuse et inspirée.
Premières projections et attentes pour la sortie
Après plusieurs années de travail acharné, Une intime conviction a enfin été dévoilé en avant-première à quelques privilégiés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les retours sont très positifs. Les projections tests organisées ont confirmé le potentiel du film, saluant unanimement la justesse de ton et la maîtrise de réalisation d’Antoine Raimbault.
Prévue pour 2018, la sortie en salles est attendue avec impatience et curiosité. Le bouche-à-oreille pourrait bien faire de cette œuvre singulière l’un des succès de l’année. Mais au-delà des chiffres du box-office, c’est la réception par le public et les personnes ayant côtoyé l’affaire Viguier qui sera particulièrement scrutée.
Comment les proches de Jacques et Suzanne Viguier réagiront-ils à ce « film de procès » qui revient sur leur histoire intime et douloureuse ? La fiction inhérente au cinéma ne va-t-elle pas heurter ceux qui ont vécu cette affaire de l’intérieur ? Le pari était risqué pour Antoine Raimbault, qui assume sa part de subjectivité tout en revendiquant une grande rigueur dans la retranscription des faits.
Conclusion
Avec Une intime conviction, Antoine Raimbault signe un premier long-métrage ambitieux et singulier dans le paysage du cinéma français. En s’emparant de l’un des faits-divers les plus énigmatiques et médiatiques de ces dernières années, le réalisateur parie sur une œuvre à la croisée du cinéma et de l’investigation judiciaire. Un parti-pris audacieux mais maîtrisé, qui fait la force de ce film inclassable.
Porté par un scénario finement ciselé et une distribution remarquable, le long-métrage promet une plongée captivante au cœur d’une ténébreuse affaire judiciaire. Le spectateur est invité à se glisser dans la peau des jurés, à ressentir leurs doutes et leurs questionnements face à un dossier complexe et opaque. Une expérience immersive et troublante, qui interroge avec subtilité notre système de justice et la notion d’intime conviction.
Au-delà du simple « film de procès », Une intime conviction apporte un nouveau regard sur un fait-divers qui a durablement marqué les esprits. Sans jamais verser dans le sensationnalisme, Antoine Raimbault ausculte les mécanismes d’une affaire judiciaire hors-norme et explore avec finesse les zones d’ombre de la nature humaine. Une œuvre aussi passionnante que dérangeante, à l’image de l’affaire dont elle s’inspire. Nul doute qu’elle suscitera le débat et les interrogations, bien au-delà de sa sortie en salles.